TOROS Ciné-club taurin : « La course de taureaux »

Rédigé le 20/11/2024

Un toro de Fuente Ymbro (Photo archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

L’hiver vient comme dirait John Snow… Si la neige n’est pas encore d’actualité chez nous, la période de vache maigre du mundillo a débuté il y a quelques jours déjà. De moins en moins de sorties taurines et de plus en plus de soirées sympas à découvrir.

Celle du jour l’est ! C’est à l’occasion de son dixième anniversaire que l’association « Jean-Paul Boyer, Culture & Cinéma », avec le soutien du CNC et de la Cinémathèque française, organise un ciné-club taurin le 30 novembre 2024, à Redessan.

L’événement ? Le club a une marque de fabrique qui marche à tous les coups. Une spécificité fortement appréciée car rare et faite pour sublimer l’écran.

Ici, la projection se fait bien entendu grâce aux bobines de pellicule argentique 35 mm ! Un régal pour les yeux de revoir ce format magnifié par une époque où les taureaux avaient droit à leur film.

Jean-Paul Boyer immortalisé par Hervé Collignon (Photo Archives Boyer-Cinéma)

Justement, parlons-en ! Film documentaire de Pierre Braunberger et Myrhiam de 1951, « La course de taureaux » est en noir et blanc et dure 1h15. Le distributeur qui a pris le risque, même à l’époque, de jouer le jeu des toros ? Les Films du Jeudi.

Le film de référence en matière de tauromachie, salué à sa sortie comme un évènement par le grand critique André Bazin. Il explique la corrida, ses règles, ses rites et ses secrets, à travers des courses avec les plus célèbres toreros de l’époque, comme Dominguin ou Manolete.

Les commentaires sont de Michel Leiris et racontés par Jean Desailly. Pierre Braunberger obtint d'ailleurs un joli César d’honneur en 1980.

La séance se déroulera en présence de la fille du réalisateur, Laurence Braunberger, actuelle présidente des Films du Jeudi ! Un moment sympa durant lequel les discussions pourront se multiplier.

Jean-Paul Boyer immortalisé par Hervé Collignon (Photo Archives Boyer-Cinéma)

Mais tout cela interviendra après une douce première partie, « Un Français dans l’arène » tiré d’actualité Gaumont en 1977 et qui dure six minutes. Cette projection se fera aussi en présence d’Alain Montcouquiol Nimeño I et sera suivie, comme il est d’usage en de pareilles conditions, d’un échange convivial dans l’esprit d’une tertulia.

La séance est organisée avec le soutien des clubs taurins « Le Toril de Redessan » et « L’Aficion cheminote nîmoise » et se déroulera à 18 h, à la Salle des Fêtes (11 avenue de la République, 30129 Redessan).

Boyer ? Cette association vous parle ? Ce nom vous est familier ? Logique ! Indissociables de la naissance du cinéma, les pellicules à support nitrate disparaissaient bien avant les acteurs qu’elles avaient fait connaître au public.

Corrida mixte avec toros de Bohorquez et Robert Margé pour Léa Vicens, Sébastien Castella et la confirmation d'alternative de Clemente (Photo Anthony Maurin)
Un toro de Robert Margé à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Sous l’effet du temps, leurs émulsions se couvraient de taches d’humidité, la moisissure rongeait le film ; leurs perforations devenaient aussi cassantes que du verre.

Sans doute inspiré par son père, qui organisait pour Pathé des projections foraines dans les villages du Gard, Boyer fut un des tout premiers à s’intéresser à la restauration des films.

De 1954 à 1958, il dirigea à Paris un laboratoire de recherches de la société Debrie, alors principal producteur de matériel cinématographique. Langlois, cofondateur de la Cinémathèque française, lui confia un film des frères Lumière, dont l’état interdisait toute projection. La qualité inégalée de la copie réalisée par Boyer stupéfia Langlois.

Fort de la confiance de Langlois, Boyer revint s’installer en 1959 dans son village natal, Redessan. Dans la propriété familiale, il fonda un laboratoire dédié à la restauration de films anciens.

Toro de Victorino Martin ici lors de la feria des Vendanges 2018 (Photo Anthony Maurin).

Il y inventa plusieurs procédés permettant de donner une nouvelle jeunesse à des films de Méliès, Lumière, Keaton, Chaplin ou Linder, considérés comme perdus jusqu’à ce que Boyer les sauve. La Cinémathèque française, Pathé ou la Gaumont, mais aussi des studios américains (Warner, Fox, MGM) : bientôt les cinémathèques du monde entier confièrent leurs bobines les plus précieuses au Laboratoire Boyer, sis impasse George-Méliès à Redessan.

Entouré de sa femme, de son fils et de quelques collaborateurs, il travailla et inventa jusqu’à ce qu’un cancer le terrasse en 1974. Le laboratoire de Redessan ferma en 1983, vite oublié de tous après avoir sauvé plusieurs centaines de films venus du monde entier. Voilà, vous savez tout !

 

Entrée : 5 euros, gratuit pour les adhérents.

Un toro de Robert Margé à Nîmes (Photo Anthony Maurin)